Histoire de l'Hôtel Hardy et de la CAA de Nantes

Vie de la cour
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Histoire et architecture de la cour

Histoire d’une juridiction d’appel à Nantes :  la cour administrative d’appel de Nantes au cœur de l’histoire de son quartier

Lors de sa création en 1988, la cour administrative d’appel de Nantes s’est installée provisoirement allée Baco près de la gare de Nantes avant de s’implanter durablement place de l’Édit de Nantes en 1990.

La cour a jugé son premier dossier lors de l’audience du 1er février 1989 sous le N° 89NT 000001.

 

 

Voir aussi les articles de presse en suivant le lien:  1ère audience plénière

                                                                                             Inauguration 1992

 

Et en quelques mots : voir dépliant journées européennes du patrimoine Édition 2022

En savoir PLUS !!!

Mais avant l’installation de la cour administrative d’appel de Nantes, quelques mots sur l’évolution de ce quartier ?

Le quartier où se niche la place de l’Édit de Nantes se situait, avant toute intervention de l'Homme, dans les coteaux boisés du Sillon de Bretagne, descendant vers la Loire, La Chézine et l'Erdre.

Début XVIIIème siècle, le site est toujours environné de bois, prés et vignes. Un plan imprécis de 1722 indique le tracé des voies qui ne sont encore que des chemins. Les vastes propriétés y sont appelées des "tenues".

En 1738, des actes de voirie évoquent les projets « de la rue appelée à réunir le carrefour de la croix des Gattineau (actuelle « place de l'Édit-de-Nantes ») à la Fosse (quai de la Fosse), ce sera la rue de la Corderie, nommée ensuite de l’Épine, nom du moulin se trouvant à côté du manoir de la Touche. C'est l'actuelle rue de la Rosière d'Artois.

    

 

 

                                            

 

Sur ce plan, on voit que la tenue sur laquelle se situe actuellement la Cour, était déjà bâtie. (1795)

En 1825 se pose pour la première fois la question de l'urbanisation concertée du secteur

•             bien après le quartier Graslin (vers 1770 entre le quai de la Fosse, la place du même nom jusqu'à la place royale, dont le créateur fut Jean-Joseph-Louis Graslin, receveur-général des fermes du roi à Nantes),

•             et après le quartier dit de la Grille (actuel boulevard Guist'hau et place Delorme) vers 1790.

Le conseil municipal organise une délibération, le 28 février 1825, un carrefour est envisagé telle une place circulaire de 44 m de diamètre, ramenée ensuite à 33,5 m en 1832 après quelques difficultés entre les différents acteurs prenant part au projet (ministères, municipalité et propriétaires fonciers).

C’est en 1834 que la première maison neuve est construite autour de la place par M. Charrier. Cette même année, les travaux de nivellement de la place commencent.

La place trouve alors son nom, place de Gigant (comme la rue) en 1837.

Le plan est validé par le roi Louis-Philippe en 1839, la place sera finalement carrée, les rues existantes y apparaissent plus larges et alignées et deux projets figurent en pointillé : futures rues Bonne-Louise et Bestrand-Geslin.

Le 10 novembre 1841, c'est le percement de la future rue Bertrand-Geslin qui est décidée. Là, des propriétaires font opposition, aussi la procédure prend plus de temps. Une fois le tracé entériné par une ordonnance royale le 26 décembre 1842, les propriétaires divisent leurs terrains en lots et l'urbanisation est rapide. La décision officielle de création est prise le 19 février 1846, et la rue est baptisée de son nom actuel en 1848.

 

Le plan Amouroux de 1849 laisse apparaître la place de Gigant dans sa configuration actuelle.

                                           

 

En 1855, à l'angle sud-ouest de la place, est construit, sur les plans de Henri-Théodore Driollet, architecte en chef de la ville, le temple protestant. L’appartenance à la communauté protestante de personnalités comme les Cézard, les Favre, les Lechat, Say ou Voruz n’est certainement pas étrangère à cette construction qui sera détruite par le bombardement du 23 septembre 1943. Des mesures d'alignement prévues pour la rue de Gigant empêcheront la reconstruction du temple à son ancien emplacement, sur lequel le square de l'Édit-de-Nantes sera aménagé. Depuis, un nouveau lieu culte a été construit place Édouard-Normand.

Le 10 août 1876, la mairie autorise Jules Hardy à construire un hôtel particulier à l'angle des rues de Gigant et Bonne-Louise, en se conformant à des conditions d'alignement, de nivellement etc, ce qui complète l'ensemble des bâtiments encore existant au XXIe siècle.

La rue de Gigant voit son tracé réduit en 1898. La rue Racine est prolongée jusqu’à la rue Copernic, elle-même prolongée jusqu’à la place de Gigant (renommée place de l’Édit-de-Nantes à cette occasion), l’administration municipale considérant ces nouvelles délimitations plus pratiques étant donnée la configuration des rues. La place de l’Édit-de-Nantes devient alors la limite Est de la rue de Gigant.

 

Les actuels bâtiments situés place de l’Édit de Nantes furent d’abord loués puis rachetés par l’État en 1928, permettant successivement, avant que la cour ne s’y installe (en 1990), à l’administration des Ponts et Chaussées, des Affaires maritimes et enfin du Port autonome de Nantes-Saint Nazaire d’occuper les lieux.

                                              

Comme mentionné précédemment, le bâtiment principal était anciennement un hôtel particulier appartenant à Monsieur Jules Hardy, construit à partir de 1876 selon les plans de l’architecte nantais Léon Lenoir ; notamment connu comme l’un des précurseurs de l’utilisation du béton armé.

Le saviez-vous ? Léon Lenoir (1830-1909) est l’architecte de nombreux édifices nantais que vous pourriez connaître parmi lesquels on compte :

  • Maison à double corps pour M. Peltier (transformée) en 1874 au 17 rue de la Rosière d’Artois

  • Hôtels jumelés (partiellement transformés) en 1883 au 46 rue de Gigant

  • Mont de Piété (Crédit municipal) en 1892 situé rue de Strasbourg

  • Musée des Beaux-Arts de Nantes en 1896 au 10 rue Georges Clémenceau

  • La Caisse d’Épargne (école de marketing) avec son associé Paul-Émile Etève en 1907 dans la rue de Bréa

 

À cette époque, un hôtel particulier se caractérise avant tout comme étant une demeure urbaine appartenant et occupée à l'origine par un unique propriétaire. Il se distingue ainsi en zone urbaine de l'hôtel de rapport, construction urbaine généralement luxueuse, mais dont les appartements sont loués ou vendus à plusieurs particuliers. Dans les villes et ports de commerce (comme Bordeaux ou Nantes), ce sont principalement les riches commerçants ou armateurs qui se font édifier ces grandes demeures.

En ce qui concerne l’architecture de l’hôtel Hardy, il est construit en pierre de taille, du tuffeau, sur deux niveaux sur sous-sol avec comble brisé. Il est encadré de deux portes cochères en arc en plein cintre. Celle de gauche pour les attelages, celle de droite pour les piétons qui accèdent au vestibule par un escalier. Il est doté d'une cour intérieure plantée d'un jardin et dans laquelle a été construit un pavillon en pierre et briques destiné aux chevaux et attelages.

        

La toiture en ardoise est couronnée de deux épis et de hautes cheminées en briques et pierre et de deux petites lucarnes cintrées.

Les fenêtres des deux façades sont soit en arc segmentaire soit à linteau droit. Des frontons cintrés décorent les lucarnes en pierre de l'étage supérieur qui sont également dotées de volutes. Deux lucarnes rondes de type œil de bœuf, alternent avec les fenêtres à fronton du dernier étage sur la façade de la place, coupant l'uniformité de celles-ci.

Des pilastres entourent une des lucarnes de la façade sur cour.

 

               

On observe un « L » dans les médaillons au-dessus des portes cochères et un double L dans un cartouche en forme d'écusson, cerné de feuilles de laurier sous l'escalier du perron donnant sur la cour. C'est le deuxième propriétaire avant la vente du bâtiment à l’État, Louis Lechat, qui a fait apposer ses initiales.

                          

En 1948, un premier agrandissement à l'angle de la rue Bonne-Louise voit jour, dans le style de la reconstruction. Un escalier par lequel les visiteurs entrent toujours actuellement, prend place dans l'entrée cochère qui permet ainsi d'accéder à un accueil, de nouveaux bureaux et une salle de réunion longeant la rue Bonne-Louise à la place du mur qui séparait la rue du jardin.

 

                                                                                        

 

En 1966, un deuxième agrandissement avec surélévation sur trois niveaux donne son aspect actuel au bâtiment.

Libéré vingt ans après par le Port Autonome, qui se trouvait trop à l'étroit, la Cour procède à des travaux de réhabilitation important, notamment électrique, et s'y installe en 1990.

Depuis des améliorations ont été apportées au Pavillon en 2004 et le hall d'accueil ainsi que la salle d'audience sont entièrement remaniés en 2011.